Avant d'être, dans l'ordre, un
dirigeable, un porte-avions
léger et un BPC, Dixmude fut "la"
grande bataille des fusiliers marins
en 1914. Dixmude est une petite
ville de Belgique, située à
trente-cinq kilomètres à l'est de
Dunkerque et dix-sept au sud de la
mer du Nord. Son nom flamand est
Diksmuide (dik's-meuille-de). Cette
bataille, fin octobre 1914, marque
la fin de la course à la mer, qui
voit le front se stabiliser jusqu'en
1918. Dixmude est sur le front de
l'Yser.
Initialement, une brigade de fusiliers marins avait été constituée pour assurer la défense de Paris. Placée sous les ordres de l'amiral Ronarc'h, elle est finalement envoyée sur le front de l'Yser. Cette brigade, forte de 6000 hommes, se compose de deux régiments de fusiliers marins. Les personnels arrivent des dépôts de Lorient, Rochefort, Brest, Cherbourg et Toulon. Ce sont des marins récemment mobilisés dans la Flotte. Parmi eux, 600 "apprentis", très jeunes, qui vaudront aux fusiliers le surnom donné par les Parisiens de "demoiselles aux pompons rouges" !
Ces "demoiselles" vont devenir de très bons fantassins et se battront aux côtés de l'armée belge et des tirailleurs sénégalais. Le 24 octobre, les Allemands lancent l'attaque. La résistance des Français et des Belges empêchera le percée qui menaçait Dunkerque, un lien vital entre l'Angleterre et la France. Pour sauver la situation, le roi Albert 1er décide l'ouverture des écluses, ce qui inonde complètement ce plat pays. Les marins retrouvent leur élément, dans le froid glacial... Finalement, au terme de trois semaines de combat parfois au corps à corps , ils doivent repasser sur la rive gauche de l'Yser, laissant derrière eux Dixmude en ruine.
La Brigade des fusiliers marins a perdu 3000 hommes (510 morts, 1934 blessés et 698 prisonniers ou disparus). Elle va tenir un secteur sur le front (Nieuport) jusqu'en novembre 1915, date de sa dissolution. La Marine souhaite alors récupérer ses personnels, face à la menace sous-marine allemande. Néanmoins, un bataillon de fusiliers marins sera maintenu et s'illustrera au Moulin de Laffaux.
L'histoire de "Dixmude" a été écrite à chaud, dès 1915, par Charles Le Goffic. Le livre se trouve assez facilement chez les libraires d'occasion.
L'image de la carte postale est empruntée au site remarquable du Musée des traditions des fusiliers marins (Lorient), que l'on visite toujours, de manière virtuelle ou réelle, avec le plus grand intérêt.